Beaudelaire et le vin, partie 1

Publié le 15 juillet 2021 à 09:30

A l'occasion du Bicentenaire de la naissance de Baudelaire, de nombreux éditeurs proposent de nouvelles collections des Fleurs du Mal, publient des études sur l'auteur et sur sa poésie.

L'oeuvre est au programme du baccalauréat de Français.

Les lycéens sont invités à découvrir dans Les Fleurs du Mal une écriture poétique qui sublime la laideur et les images sordides auxquelles Baudelaire s'est attaché et qu'il a souvent employées dans ses textes. C'est une lecture parmi d'autres...

 

 

 

L'acte poétique est celui de la transmutation des matériaux vils de l'existence en des matériaux nobles qui fascinent l'esprit, le retient tout entier pour s'émouvoir des beautés cachées mais révélées par cette alchimie scripturale. Baudelaire lui-même a écrit « J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or ». Cette devise est pour nos futurs bacheliers ce qu'ils doivent retenir des intentions du poète.

 

Pour les lecteurs qui n'ont que de vagues souvenirs de lycée, Baudelaire, c'est l'immixtion du beau dans le laid  : il a suscité de la répulsion comme de l'attirance, ses poésies ont été aimées ou détestées (surtout si elles ont été un exercice de récitation), mais il ne laisse pas indifférent. Il est à la fois l'hôte des lieux rêvés où « tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. 1», invitant à la musique et à la beauté des mots, et l'amphitryon d'une charogne, se délectant de la putréfaction de la chair2. 

 

 

 

Dans la spirale infernale de sa descente aux Enfers – telle qu'elle se lit tout au long Des Fleurs du Mal - , il conduit le lecteur, comme Virgile a conduit Dante, dans les neuf cercles qui le mènent au purgatoire.

Les Fleurs du Mal se composent de six sections, Spleen et IdéalTableaux ParisiensLe VinFleurs du MalRévolte et La Mort. A celles-ci s'ajoutent le prologue Au lecteur, et après le procès de 1857 les recueils Les Epaves, et Fin de La Mort. En tout neuf parties superposables aux neuf cercles des Enfers de La Divine Comédie.

Le neuvième cercle des Enfers est celui de la Trahison pour Dante, et si Virgile y retrouve notamment Judas, Lucifer, et Caïn, pour Baudelaire, le neuvième ajout Fin de La Mort, paru en 1861 est l'appel sans concession au nouveau3 que peut lui offrir le monde de l'au-delà, un monde qui ne saurait trahir ses plus folles espérances de retrouvailles avec son Idéal, pur, et ordonné, en rupture complète avec les vicissitudes de sa vie chaotique et remplie de Spleen.

 

 

 

1L'invitation au voyage, poème 49 de Spleen et Idéal

 

 

2 Une Charogne, dans Spleen et Idéal

 

Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

 

 

3Poésie VIII, intitulée Le Voyage - Fin de « La Mort »Le Voyage - VIII

 

O Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

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