Les différentes résonances qui proviennent des claquements de talons, des coups de canne, des crissements des parquets et des grincements des lourdes portes qui s’ouvrent à l’instant sur le grand Salon du Roi font se lever avec précipitation et afféterie pour beaucoup d’entre eux, les membres de la Commission d’Etudes Œnologiques.
Le Roi entre, suivi du grand chambellan de France, et du Grand Bouteiller. Plusieurs officiers de l’échansonnerie pointent avec orgueil leurs mentons au-dessus de plateaux chargés de Baccarat et de bouteilles, toutes de forme bourgogne.
La séance de dégustation de ce jour doit permettre de sélectionner les vins qui seront offerts à l’occasion du banquet organisé en l’honneur de la Délégation Moscovite, venue demander le soutien du Roi pour le Tsar.
La difficulté pour nombre de dégustateurs présents est d’être en conformité de goût avec le Roi, qui bien évidemment donne son appréciation le dernier. Tous ont en mémoire le triste sort du Comte d’Habans qui dut s’exiler en sa campagne bordelaise, et qui, en guise de suicide, s’alcoolise depuis de Petrus. Le Comte d’Habans avait hélas déprécié un Mouton-Cadet 1645, grand millésime devant l’éternel, que le Roi avait trouvé friand et délectable.
Le Roi prend place à la tête de la longue table ovale de la Salle du Conseil, et sans qu’il ne prononce le moindre mot, dans un silence plutôt pesant, les officiers servent à chacun le premier vin.
A sa droite, Hubert Albault de Bourgy, inféodé au puissant Cabernet franc de Loire, incapable ou presque d’apprécier tous ces vins de Bordeaux qui se ressemblent, transpire des fesses dans sa rhingrave : le cercle injurieux d’une supposée incontinence se marque sur le velours de son fauteuil…
Ensuite, Alphonse de Tanus ne peut quant à lui bien discerner le bon du mauvais. Il a l’art des longues circonvolutions douteuses dont on ne peut tirer de certitudes sur le goût exprimé. Ainsi une daube est-elle un vin douceâtre, caressant et dédaigneux tout à la fois, aux motifs exaltés de fruits baroques car surmûris, confinés dans le soyeux de tannins polis mais présents, pour ne pas dire impressifs. Ainsi un nectar est-il un vin caressant, quoique dédaigneux en un milieu de bouche plutôt douceâtre, marqué de tannins polis, au goût de fruits très mûrs, baroques par conséquent, davantage retenus dans une finale qui modifie quelque peu le soyeux d’une légère impressivité…
Alphonse de Tanus gagne ainsi toute la considération du Roi, qui n’ose trop approfondir le sens précis de ses ambages incompréhensibles, et tout le mépris des courtisans, qui savent la nécessité de ces feintes et de ces tactiques captieuses.
Après lui, Adhémar du Chalo Saint Mars, jeune courtisan, qui se gausse de son noviciat, le rendant nécessairement victorieux de ses trouvailles pourtant fortuites, nécessairement excusable de ses bévues, pour le Roi. Pour les autres dégustateurs, ses erreurs vénielles ont le venin des fautes impardonnables.
Vient encore Nathanaël de Keriec, jeune hobereau, nouvelle coqueluche du Roi, lequel vient de lui accorder cette charge de rédacteur au sein de la Commission d’Etudes Œnologiques. De Kériec se pique d’élégance et s’engonce dans des rubans, des passementeries ornées de bouffettes, selon les derniers usages de la Cour. Sa récente notoriété tient justement en ses nombreux accoutrements que d’aucuns tentent d’imiter. On s’habille à la Kériec, on parle à la Kériec et même on déguste à la Kériec, car il est considéré qu’il est des goûts du vin comme des goûts vestimentaires, selon la mode d’un moment, et justement, un vin est forcément bon, si Kériec l’aime.
A gauche du Roi, faisant face à Hubert Albault de Bourgy, Valère Epernon de Neuville, piètre dégustateur qui s’ignore ou la prétention faite homme. Il est doué d’une mémoire impressionnante de la liste des vins attestés comme les meilleurs du moment, avec leurs caractéristiques. Il est donc capable d’une redoutable précision d’analyse, sitôt qu’il sait ce qu’il déguste.
A ses côtés, enfin, Joseph d’Ornatan, dont l’avis toujours péremptoire finit forcément par être celui de toute l’Assemblée, est considéré comme un grand dégustateur. Le nez toujours plongé dans l’orle du verre, il laisse rarement échapper les indices sur la qualité des vins. Son avis est toujours attendu comme un oracle, sur lequel on forge son opinion, et sitôt qu’il se met à commenter, tous tentent de transcrire et ce ne sont que légères abrasions des plumes sur les papiers, qui accompagnent frénétiquement ses paroles…
La séance de dégustation commence.
Dans un silence pesant.
Alphonse de Tanus hésite… entre réelle picrate ou bon vin. Il se met donc à la recherche de la description consensuelle.
Valère Epernon de Neuville ne supporte pas ce vin. L’angoisse lui serre le gosier, quelques gouttes de sueur coulent dessous sa perruque, il n’ose trop regarder le Roi, voudrait feindre l’aisance.
Joseph d’Ornatan, est en pleine rédaction. Le papier crisse sous la plume agitée, frénétique de celui qui juge le vin comme une hérésie tant l’élevage est malmené. Le vin présenté est d’une couleur rouge plutôt très soutenue. Il se respire un fruit dense, hélas masqué par des odeurs difficiles, disparates, de vieux chênes, de feuilles mouillées, qui dissocient la palette aromatique. La bouche n’est guère plus avenante : les tannins dans la finale gagnent en rugosité et amertume.
Hubert Albault de Bourgy s’inquiète. Presque certain que ce ne peut être un vin de Loire, il espère pouvoir dire tout le mal qu’il en pense.
Adhémar du Chalo Saint Mars se délecte assez de ce vin. Bien sûr, il saura lui trouver quelques défauts au besoin.
Nathanaël de Keriec trouve que le côté atypique du vin pourrait faire sensation…
Comme l’établit le protocole, le Roi s’adresse seulement à l’un des Commissaires pour entamer le tour de table, à l’issu duquel il peut être quelques disgrâces fatales.
Pour ce premier vin, le choix se porte sur…
...Adhémar du Chalo Saint Mars!
Avec une réelle insouciance qui stupéfait l’assemblée, il annonce donc aimer ce vin. Le Roi décide de ne pas le soumettre à la question.
Pour Nathanaël de Kériec, une chance est à saisir.
« Sire, le vin est d’une grande douceur tannique. Nous avons un vin de grand niveau.
- Où situeriez-vous son vignoble, Monsieur de Kériec ?
- Me risquerais-je en évoquant le bordelais ? »
Valère Epernon de Neuville se trouve bien embarrassé :
« Sire, je crois le vin issu du bordelais. J’approuve Monsieur le Marquis de Kériec. Nous devrions d’ailleurs procéder à la négociation de l’étiquette. »
La stratégie renarde de Valère d’Epernon de Neuville est particulièrement habile, puisque contre toute attente, le Roi demande au Grand Bouteiller de désigner la bouteille.
L’annonce se fait théâtralement :
« La Fleur Caillouteuse, vin du fronsadais, de Sieur Paulus du Barreau, vinifié selon les toutes nouvelles méthodes expérimentales de biogravitation, mises au point par un illustre physicien anglais Sir Isaac Newton. Cette méthode consiste à laisser tomber le raisin, dès sa coupe, à terre, car voyez-vous, les lois de la Gravitation Universelle expliquent qu’il est une énergie qui nous aimante au sol. Voilà pourquoi nous marchons et pourquoi nous ne volons pas.
-Mais, voilà qui est prodigieux, tente de dire Hubert Albault de Bourgy qui éprouve un réel soulagement, car ce ne pouvait être un vin de Loire. Je n’y pensais point. Nous marchons, c’est exact !
-Mais, ce n’est pas tout, poursuit le Grand Bouteiller du Roi. Sieur Paulus du Barreau met en cuve par gravité. Tout se fait par gravité. Et le vin se verse par gravité. Vous buvez même par gravité…
-Je crois vraiment avoir bu aujourd’hui un des meilleurs vins des vignobles de la Rive Droite de notre Gironde, interrompt, exalté, Nathanaël de Kériec. »
Le Roi semble acquiescer. Un léger plissement d’yeux accompagne une petite contorsion des lèvres approbatrices.
Nathanaël de Kériec en a le souffle coupé. L’émotion est à son comble.
Joseph d’Ornatan, que le vieil âge prédispose déjà à la retraite loin des fastes de la Cour, n’est pas tant sensible aux faveurs du Roi. Toutefois, préférant son château de Talmay à celui de la Bastille, il prend le parti sage et prudent de ne pas le contrarier.
« Sire, je crois que le vin mérite qu’on s’y intéresse. Nous pourrions envisager d’imposer à notre vigneron qu’il soigne l’élevage des vins. Qui sait ? Nous serions alors peut-être en présence d’un très grand vin. »
Dès lors, à l’entendre, Hubert Albault de Bourgy et Valère d’Epernon de Neuville vivent un drame intime terrible, les grandes afflictions que Dieu envoie, un déchirement d’une réelle atrocité : savoir qu’on a pu approcher une certaine vérité du vin, être en accord avec un grand dégustateur et devoir feindre pour sauver son rang, sa fortune…
Alphonse de Tanus ne peut s’empêcher d’acclamer la suavité et la délicatesse tanniques du maintien en bouche, tissant dans ses rets le fruit mûr aux parfums de cerise, de myrtille et de cassis, prolongeant dans les ultimes soubresauts de sa finale, grâce à une puissance maîtrisée, la complexité des notes épicées et florales..., même si ce n’est pas tout à fait ce qu’il avait écrit.
Le sceptre frappe trois fois, un officier agite un clocheton, un autre sert le deuxième vin.
Hubert Albault de Bourgy transpire tellement que le velours humide du fauteuil lui provoque la torture de picotements atroces aux fesses. Le vin est sa seconde torture. S’il fallait que ce soit un vin de Loire, il fait le serment de se retirer chez les frères dominicains.
Valère Epernon de Neuville ne reconnaît rien de la noblesse du merlot ou du pinot. La tête tourbillonne de supputations.
Nathanaël de Kériec aime relativement ce vin. Une belle acidité, des tannins racés, puissance dès l’attaque…
Alphonse de Tanus n’a pas de difficulté à le trouver asséchant et frais tout à la fois, fruité et amer, puissant et mou…
Adhémar du Chalo Saint Mars s’ennuie avec ce vin. Il inspecte, comme les autres, bien sûr, les visages respectifs du Roi et de Joseph d’Ornatan, pour tenter de percer à travers le moindre ondulement des rides le mystère des âmes.
Justement Joseph d’Ornatan est en pleine ébullition cérébrale. Le cépage lui semble familier. Bordelais. Cependant, les conditions climatiques n’ont jamais permis d’obtenir de telles expressions aromatiques. Pas un mauvais vin, mais pas à mettre entre toutes les bouches.
Le Roi enfin s’adresse à …
… Hubert Albault de Bourgy.
La pensée de la Comtesse de Beaurainy le fait renoncer aux frères dominicains.
Il tente d’une voix chevrotante :
« Sire, c’est un vin qui présente une couleur rouge, la bouche est dotée de tannins, et d’une certaine palette aromatique. Je m’interrogeais, bien sûr, et me disais, éventuellement, avec toute la marge d’erreur que je puis m’accorder, que ce vin n’était peut-être pas ligérien.
- Effectivement, répond le Grand Bouteiller. Les vignes sont languedociennes. »
Alphonse de Tanus le trouve donc, puissant avec quelques mollesses toutefois, au beau fruité, qui se fond en amers, avec une finale aux belles élongations, certes, un poil asséchantes.
Adhémar du Chalo Saint Mars s’excuse de son ignorance :
« Faisions-nous des vins, dans cette région ? Plus rien ne m’étonnera. Un jour on apprendra que nos indigènes d’Amérique, en plus d’avoir une âme, font du vin ! »
Nathanaël du Kériec s’interroge. Que le Roi propose un vin de la région d’Oc est renversant, impensable, extravagant. L’image de Don Salluste de Bazan lui vient à l’esprit. Favori du Roi, jusqu’à sa récente disgrâce depuis qu’il a refusé d’épouser la suivante de la Reine, il dut s’exiler, sur ordre de celle-ci, sur ses terres de Gassac.
Le Roi en parle souvent, cependant, avec le regret qui fait poindre la jalousie pernicieuse de Kériec qui s’imagine assez pouvoir être détrôné par un retour de ce dernier.
« Sire, m’est-il permis de connaître l’acheminement de la bouteille ?
- Elle nous a été expédiée, par le service d’une diligence de Montpellier. »
Nathanaël du Kériec devait l’admettre, en soi, le vin est plaisant. Mais l’idée qu’il puisse être offert par de Bazan interdit tout compliment. Il risque alors son mécontentement.
« Les vins du Languedoc ont rarement su être plaisants, Sire…. , ose-t-il, tout en scrutant le Roi. »
Au moindre sourcillement de ce dernier, il suffit de rajouter un « mais… celui-ci… »
Valère Epernon de Neuville, rejoint assez l’avis de ses pairs. Il fouille dans sa mémoire s’il est néanmoins de grands domaines viticoles en Languedoc.
Joseph d’Ornatan propose quant à lui une analyse assez juste.
« Que Sa Majesté entende que ce vin, tout languedocien qu’il soit, présente l’intérêt d’un cépage plutôt inédit sur ses terres. Je dirais que c’est tout à son honneur, à condition de l’apprécier avec le vieillissement qui lui convient.
-Monsieur le Comte d’Ornatan, je vous ai souvent entendu parler de vieillissement du vin, lui répond le Grand Bouteiller.
-Le Premier Président du Parlement de Bordeaux autorise des techniques nouvelles de conservation. J’ai eu la chance de déguster chez Monsieur Arnaud de Pontac un claret de plus de vingt ans qui exprimait un florilège d’arômes extraordinaire, venu du tréfonds de la terre. »
Le Grand Bouteiller est pris d’un rire qui fait sursauter les dentelles du justaucorps.
« A vous écouter, on finira par apprécier des vins de son année de naissance. Que c’est risible ! Digne d’une comédie-ballet de ce monsieur de Molière… »
A la demande du Roi, la bouteille est découverte.
« Bastide de Daumasien à Gassac, du Sieur Aimé de Guilberty. Un vin de cabernet sauvignon. Que Votre Majesté daigne s’exprimer sur ce vin.
- Je le trouve intéressant. »
Valère Epernon de Neuville tente de rectifier sa position.
« Evidemment, Sire, votre bon goût vous honore, c’est un château Lafite du Languedoc* ! »
Nathanaël du Kériec est maintenant convaincu que ce vignoble est un fermage de don Salluste de Bazan. Aujourd’hui il dira l’aimer, mais il s’arrangera pour faire paraître dans les cahiers de la Commission des Etudes Œnologiques que c’est un très mauvais vin. Ce n’est pas Hubert Albault de Bourgy qui le contredira : bon sang ligérien ne saurait mentir.
Le troisième et dernier vin glisse dans les verres en laissant sur les parois de lourdes larmes.
Joseph d’Ornatan cette fois est sceptique sur la qualité du vin. Bien qu’il soit à peu près convaincu d’être en présence d’un chenin - souvenirs d’une jeunesse licencieuse et libertine avec Edmond-Charles des Savennières, ancien compagnon de beuverie et devenu depuis moine cistercien au monastère de Vieux Serrant – tout l’orienterait par les arômes sur ces fameux vins du Jura que l’on laisse vieillir sous une pellicule de moisissure.
Joseph d’Ornatan croit suffisamment aux caprices et aux fantaisies du Roi pour proposer cette incongruité vinique. Sa circonspection ne se devine pas, les autres commissaires se livrent aussi à divers calculs et hypothèses tant sur le vin que sur leur devenir à la Cour.
Valère Epernon de Neuville adore ce vin. Néanmoins il est assez troublé, car des notes très agréables de miel et d’abricot qui l’amèneraient sur les douceurs qu’il a pu découvrir au bord du Ciron, sont malmenées par des goûts de noix ou de noisettes vieillies.
Alphonse de Tanus, est-il besoin de l’écrire, en est toujours à ses savants oxymores, antithèses, et antilogies grâce auxquels il est toujours pour être contre.
Nathanaël de Kériec goûte le vin avec une certaine satisfaction mais devine assez que les appréciations seront aussi polémiques que les premières canonnades de la Fronde. Il cherche évidemment la formule idoine et politique pour décrire le vin, rhétorique pour le moins particulière pour un dégustateur, mais sa charge de rédacteur l’a suffisamment éduqué à cet exercice de basse flagornerie, cette prostitution par l’écriture pour assister à tous les banquets du Roi au milieu de tant d’autres courtisans ridiculement serviles et prêts à n'importe quelle compromission.
Hubert Albault de Bourgy croit enfin retrouver ses terres d’élection. Pour autant, la rhingrave ne sèche pas et les aiguillons du velours ont joué du nerf sur la tendreté des fesses suantes.
Adhémar du Chalo Saint Mars sort un écu. Pile, il aime, face, il déteste.
Le Roi rompt le silence et s’adresse à Valère Epernon de Neuville.
« Sire, je vous savais friand de ses vins, qui, dit-on, sont faits à partir des raisins qui pourrissent sur leurs pieds. Votre Grandeur a des goûts respectables et sûrs. Nous serions sans doute en présence de l’un de ceux-ci… »
D’un retour de main, le Roi ordonne l’avis de Joseph d’Ornatan.
« Que Votre Majesté me permette d’ajuster les quelques remarques de Monsieur de Neuville. Je crois le raisin cueilli avec cette si savante pourriture, telle que décrite. Mais nous serions dans la Loire.
-Toujours le commentaire juste et affûté, Comte d’Ornatan !, intervient le Grand Bouteiller. Nous sommes précisément à Savennières.
-En ce cas, Sire, agréez que j’aie quelque imagination. En ma prime jeunesse, j’allais souvent me recueillir, pour me complaire en l’esprit de Dieu, au monastère de Vieux Serrant, avec mon ami Edmond-Charles des Savennières. Très rarement, est-il utile que je le dise, nous nous offrions un vin de ce monastère… »
Le Grand Bouteiller ôte donc le coffret qui dissimule le flacon. Un vin de Savennières, de Père Nicolas de Jolois.
Hubert Albault de Bourgy se lance alors dans une longue explication sur ce domaine qu’il ne connaît que trop et congratule le Roi d’avoir permis une telle rencontre. Un vin conçu aussi selon les nouvelles techniques de biogravitation, un vin dont on parlera beaucoup et qui fera Coulée beaucoup d’encre !
Alphonse de Tanus circonvolutionne à son tour et pas moins de quinze minutes de palabres ont passé, quand Adhémar du Chalo Saint Mars et Nathanaël du Kériec, à leur tour sont auditionnés.
Adhémar du Chalo Saint Mars avoue humblement être innocent comme l’agneau qui vient de naître et qui ne sait encore le goût du pré.
Nathanaël du Kériec approuve le point de vue d’ Hubert Albault de Bourgy. Ce peut être utile. Et puis, peu de risque semble-t-il à commenter ce vin, parfois bon, parfois très bon voire excellent, parfois un peu acide, parfois affreux…
La séance est levée.
Tous tirent la révérence au Roi et sortent les uns après les autres, et Hubert Albault de Bourgy le dernier bien sûr.
L’histoire ne dit pas si Nathanaël du Kériec aura eu raison de la Bastide de Daumasien. Ni si Lavoisier, quelques centaines d’années plus tard aura su expliquer que le Savennières du monastère du Vieux Serrant est oxidé***.
Mais l’histoire dit qu’il est sans doute encore aujourd’hui de telles dégustations.
(*)Description de Gault et Millau, en oct. 1982
(**) Orthographe de Lavoisier, dans son Essai sur la phlogistique
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